LA GRANDE  SORTIE POUR FINALISER LA PREPARATION

Vendredi 14 mai 2021

 DES 6H00 DU MATIN

85 km ENTRE ARGENTAT ET CIEURAC

 

Voilà plusieurs jours que je regarde la météo. Le temps annoncé est très perturbé. De la pluie, du vent, de l’orage,  peut-être du soleil.


Entre la peste et le choléra que choisir, L’orage  ? le vent contraire qui fait pagayer pour rien ? la pluie et l’humidité qui peut très vite nous donner froid ? Que faire  pour que le soleil soit au rendez-vous ?

 Mon objectif doit être réalisé raisonnablement en deux jours. Pour parcourir  130km avec un débit d’eau aussi bas , il me faut partir très tôt le vendredi matin pour faire le maximum de chemin.


Les jours approchent,   le temps  prévu est un peu moins pire que celui qui est  annoncé il y a une semaine. Ouf ! j’ai fait le bon choix de partir le vendredi !

La météo prévoit  4 heures d’ensoleillement, de la pluie le matin et du vent l’après-midi… On fera avec ! Le samedi ? C’est sans espoir il est prévu  de la pluie TOUTE LA JOURNEE !


Nous voilà parti la veille du grand départ  avec le fourgon aménagé… à bloc (paddle, pagaie, gilet de sauvetage,  2 camelbacks, 5 paires de chaussures, 10 paires de chaussettes une tonne de barres énergétiques, un wagon de compote, Néoprènes manche longues, manche courte, pantalons, vêtement de rechanges, vêtement de pluie…) !

Je ne me souviens pas avoir eu autant de bagage pour 10 jours de vacances… C’est une première, il ne faut rien oublier


 

Tout est prévu minuté. Le réveil est réglé sur 5 heures pour un bon réveil musculaire, le jour se lève à 6h00 (par temps clair normalement) une pause  repas chaud entre midi et une heure à Tauriac, un ravitaillement à Saint-Sosy et un finish pour la journée après SOUILLAC après le pont de CIEURAC pour parcourir au moins ces 85 km. C’est ici que nous avons prévu de passer une soirée avec mes jolies sœurs, mes beaux-frères.

 

Nous voilà donc avec notre fourgon aménagé posté sur le parking de la base nautique d’ARGENTAT, le paddle est gonflé, il n’y a plus qu’à s’endormir pour être  en forme.… Facile à dire !


 

5 heures du matin, le réveil sonne… C’est le grand jour ! je n’entends pas la pluie sur le toit du fourgon… c’est bon signe. J’enfile le pantalon néoprène comme je peux pour ne pas réveiller Bruno, trop tard, j’ai déjà claqué trois placards ! il est réveillé !

Les vêtement son humides et froids depuis l’avant du fourgon qui est isolé du reste de la cellule BRRRR.


Petit déj copieux avec des œufs au plat, jambon, crêpe, compote …. Il est l’heure d’y aller … zut il fait encore nuit,  le temps est couvert  à ARGENTAT. IL faisait pourtant jour à la maison à cette même heure hier.

Puis il se met à pleuvoir, les gouttes frappent la taule du fourgon! Bruno me marmonne sous sa couette… « Je ne sais pas ce qui te motive ! Si j’étais toi ? je resterai au chaud !… Et je suis là avec mon gilet de sauvetage, mon sac poubelle découpé pour prendre le moins de flotte possible sur les épaules ! Je n’y pense même pas ! !

Je vais déposer le paddle à la mise à l’eau 20 mètre plus loin… Je remonte pour récupérer mes sacs, la pagaie, ne rien oublier ! les dernières consignes, dire au revoir. on se revoit le plus tard possible !

Me voilà seule avec moi-même, mes projets… Ma  descente ! depuis des mois !

Sur le quai d’embarquement avec mon sac étanche, mon sac à tout, ma pagaie et mon paddle.

 je vois un passager clandestin sur mon embarcation ….. Un  escargot qui a pris le temps de monter sur l’avant de ma planche.


Je me demande s’il fait une course avec un autre escargot ? J’ai mis du temps pour récupérer mes sacs!

 Est-ce un  signe prémonitoire pour me dire que je ne vais pas avancer…J’hésite à prendre la photo du départ avec l’escargot sur mon paddle toutes cornes dehors avec le lit de la rivière, le lever du soleil, …

Je n’ai plus le temps, il faut y aller… Je pourrais le  prendre et faire voyager ce petit animal, je vais plutôt le déposer sur ce vieux mur qui va rester ici !



… Il est 6h09 à ma montre . Le jour peine à se lever sur ARGENTAT ! pas une maison est  éclairée à cette heure-ci ! tous le monde dort ici !


L’eau est très basse, je devine des obstacles  avec les mouvements de l’eau. J’ai opté pour mon petit aileron, je dois passer partout mais le moindre choc peut me  propulser en avant de la planche si je ne fait pas attention !

Trop tard ! 6h27, je heurte un bloc que je n’ai même pas vu, c’est la surprise, je me retrouve dans l’eau à 20 minute du départ ! ça commence mal ! Ca ne sert à rien de mettre un sac poubelle sur le dos si tu tombes à l'eau !

Je ris de cette mésaventure et je me rendre compte du mauvais choix de chaussures pour le début de cette descente, je vais avoir les pieds mouillés très longtemps !

Je commence à avoir très froid aux pieds… Et là je me dis que cela ne sert à rien d’avoir des chaussettes étanches si on tombe entièrement dans l’eau avec.

Des chaussettes étanches achetées sur Amazon parce qu’aucun magasin n'est ouvert pendant le confinement… Bon elles sont françaises mes chaussettes,  mais là elle ne serve à rien, elle se remplissent de l’eau qui  dégouline de mon pantalon néoprène…

J’ai de quoi me changer puisque dans mon sac étanche tout le rechange est à disposition… sauf que chaussettes et  chaussures sèches se remplissent encore d’eau, le pantalon dégouline tout ce qu’il peut….

Le passage du Malpas ….. prendre à GAUCHE ! attention aux obstacles, le niveau de l’eau est bien bas cette fois-ci !


Ca passe ! un petit rocher à éviter sur la fin !


 

Le pont de Monceaux avec le kilométrage réalisé depuis aARGENTAT jusqu’à BEAULIEU ici c’est 7 km !


Le pont de Brivezac



Le premier rayon de soleil au niveau du camping « Les Berges ombragées » Quel  paradoxe… J’adore cet endroit, il y a un bar qui peut servir à se rafraichir quand on vient sur l’eau.


 

Arrivée à BEAULIEU au km 24 !


 

Le canal de Beaulieu, c’est la première fois que je vois de l’eau dans la glissière, et la première fois que j’emprunte cette petite descente…

J’ai failli la rater… Hop demi-tour, on remonte le courant pour ne pas se mettre en travers et le tour est joué !


Le pont de Beaulieu sur Dordogne  KM 28 … C’est écrit sur le pont !


Je prend s quelques minutes pour changer d’aileron, je passe à la taille au-dessus.

Je ne sens plus mes pieds, j’ouvre donc mon sac étanche pour bien sécher tout cela.  Je marche sur deux glaçons !

Un petit arrêt pour changer les chaussures et chaussettes … Pourquoi  je n'ais pas pris mes botillons 5 mm !!

Je connais cette descente par cœur pour l’avoir faite des dizaines de fois cet hiver par tous les débits possibles 200 m3 jusqu’à 45 aujourd’hui !


Un passage technique des ESTRESSES au KM 26… que j’ai toujours passé à genoux … Ca bouge bien, même avec un petit débit !


 

Le pont de Mols à PUYBRUN qui est à la frontière  du département de la CORREZE et du   LOT


Avec vue sur le magnifique Château de CASTELNAU de PRUDHOMMAT


 

Une halte à la maison du passeur … C’est chez moi ! km 45 !


L’assistance technique est là ! C'est la grande pause là ! il est 13h00

Je mange au chaud dans le fourgon  des pattes et du confit de canard… Tout ce qui peut réchauffer le cœur et le corps d’un sportif !

Je me change pour avoir les pieds au sec (c’est la 4ème fois !) Mes chaussettes étanches séchée au sèche-linge avec les chaussures… Même si le sèche-linge est dézingué depuis… J’ai les pieds au chaud ! au sec !  enfin !

Merci Bruno ! l’assistance technique est à la hauteur : Tout va bien, je suis prête à repartir !

Je croise un groupe de kayackistes incrits à la Dordogne Intégrale qui viennent s’essayer sur la chaussée de Carennac … ils passent sans soucis… Je les vois de loin … Bravo !

C’est repartit pour un portage en rive droite … je préfère éviter  la chaussée.

 


On voit beaucoup de pont  !

Le Pont de Carennac


 

Le pont de Miret après Mezel


Le pont de chemin de fer tout de suite après.


Et Les belles falaises de Copeyre



 

Creysse… il est 16h00 et je n’ai pas mangé depuis Tauriac. Je me sentais bien !.... puis … Non ! … J’ai des coups de mous… Manger quand on a pas faim ce n’est pas naturel ! Je sens que mes jambes se dérobent, j’ai des pertes d’équilibre sur ma planche.  je me remets à manger , on verra bien !

Je ne prends plus de risque dans les courants, je me mets très vite à genoux pour ne pas tomber.


Meyrone Saint Sozy. Km  70 ! il est 17h00.

 Une petite halte de 15 minutes pour me dégourdir les pattes sur terre. Je croise deux jeunes filles en canoë qui venaient de Vayrac

Je viens de finir l’eau de mon camelback… je change de sac et c’est reparti.

IL me reste 15 km pour atteindre mon objectif de la journée… Je ne savais pas que ce serais les 15 km les plus longs.

Tant pis pour le couvre-feu de 19h00 !  je dois arriver à passer  Souillac… Je viens de traverser les départements de la Corrèze et je veux finir de traverser le département du Lot !


Falaises de PINSAC


Pont de PINSAC


 

Château de la TREYNE


 

Le pont autoroutier  et le beau méandre de la DORDOGNE.


 Le pont de LANZAC


Le château de CIEURAC


L’aventure se termine à Cieurac où mes supporters m’attendent. Nous avions convenus que je devais passer ce pont.  Puis les chauffeurs devaient trouver un emplacement pour nous installer au bord de l’eau… Ca c’était pour pouvoir repartir en paddle le lendemain. Enfin en théorie !

Avec mon téléphone je rejoins la civilisation sous le pont de Cieurac… Vous êtes où ? Bruno me répond : on est tous là , nous sommes à 400 m après le pont…

Quel bonheur de savoir que j’allais enfin  pouvoir me reposer… Je suis devenue une machine à pagayer.. Ma jambe gauche ne me porte plus,  je sens le pantalon néoprène qui me serre au niveau du genou, il doit être gonflé depuis un certain temps… On verra pour demain si je peux repartir… Je peine  à pagayer  les derniers mètres… Puis je vois ma chienne sur la plage ! je l’appelle, elle me reconnait, c’est la fête… Je suis au bout du bout… je ne peux plus marcher toute seule, les jambes ne ma portent plus… ça ira mieux tout à l’heure..

Le lendemain la pluie est tombée sans discontinuer.. Je ne suis pas repartie. On est juste rentré à la maison Le petit objectif a été atteint, j’ai battu mon record de km à la journée

 De 61 km, je passe à 85 en 12 heures. La fréquence cardiaque entre 110 et 120 PC.

Les conditions étaient particulières avec des eaux basses, un débit à Argentat de 45 m3, de la pluie, des vents contraires sur les grandes lignes droites.

J'ai passé  la ville de SOUILLAC  !

C’était ma rivière espérance. J’ai beaucoup pensé aux bateliers qui ont fait le même chemin que moi il y a bien des années. Ils devaient connaitre chaque méandre comme leur poche.

La rivière est beaucoup moins dangereuse maintenant …Et même si la météo n’est pas favorable pour naviguer , les paysages qui défilent sous nos yeux sont uniques et magnifiques. Comme ils l’étaient très certainement  autrefois.

Elle en a vue passer du monde cette rivière…elle va en voir encore ! Je reviendrais c’est promis !




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